Engloutie by Strobel Arno

Auteur:Strobel Arno [Strobel Arno]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2019-07-02T23:00:00+00:00

23

Ils roulèrent en silence, Harmsen au volant et Jochen à côté, les yeux fixés sur la route. Une fois devant leur nouveau centre opérationnel, Harmsen éteignit le moteur et se tourna vers son coéquipier.

— Laissez-moi vous donner un conseil quant à notre collaboration, monsieur Diedrichsen. À l’avenir, abstenez-vous de me couper la parole ou de me contredire en présence de suspects. Et surtout, ne répondez jamais à des questions qui me sont adressées. Est-ce que vous m’avez compris ?

Jochen réprima sa colère. Il savait qu’il ne pourrait atteindre Harmsen qu’en usant d’arguments posés et exprimés avec calme. S’il perdait le contrôle et se comportait comme le faisait son supérieur, il sortirait perdant. Il ne pouvait pas le battre sur son propre terrain.

— Je vous ai entendu, en tout cas. Vous parlez assez fort comme ça, rétorqua Jochen avec autant de retenue que possible. J’ai aussi compris votre conseil. Toutefois, je ne peux pas vous promettre de rester sagement près de vous comme un chien fidèle en laissant passer tout ce que vous balancerez pendant les interrogatoires.

— Vous m’avez mal compris. C’était un ordre, pas une demande. Si vous avez du mal à accepter l’autorité, il me suffit d’un coup de fil pour vous faire retirer de l’affaire. Et je peux pour ma part vous promettre une chose : je n’hésiterai pas une seconde à le faire. Je vous repose donc ma question, et cette fois, réfléchissez bien à votre réponse : avez-vous compris ?

— Oui, siffla Jochen en étouffant presque de colère.

Il ouvrit la portière et se tourna vers Harmsen.

— Avez-vous besoin de moi tout de suite ? J’aimerais faire quelques pas.

— Allez-y, et profitez-en pour réfléchir à votre comportement.

C’est à moi de réfléchir à mon comportement ? Voilà la blague du siècle ! Jochen parvint à grand-peine à ne pas hurler sur Harmsen et descendit de voiture sans rien ajouter. Dès qu’il fut hors de vue, il sortit son smartphone et appela son collègue Peter Marten. L’inspecteur principal Marten avait déjà travaillé avec Harmsen et avait averti Jochen de son agressivité. Il décrocha au bout de deux sonneries.

— Salut Peter, ici Jochen. Je t’appelle d’Amrum.

— Ah, Jochen. Alors, ça avance ?

— De mon point de vue, ça piétine. Mon coéquipier est sans doute d’un autre avis. Il a déjà quelqu’un dans le collimateur, un touriste. Et il m’a ouvertement menacé parce que j’ai osé dire ce que je pensais.

Marten eut un petit rire.

— C’est vrai, il n’aime pas beaucoup ça. À moins que tu ne penses la même chose que lui.

— Dis-moi, qu’est-ce qu’il a, Harmsen ? Il a toujours été comme ça ?

— Aucune idée. J’ai fait sa connaissance il y a environ trois ans, quand il a été muté chez nous. Il était déjà comme ça à ce moment-là. Tu sais ce qui s’est passé entre nous ?

— Je sais juste ce que tu m’en as raconté. Qu’il est coléreux et qu’il a fait fuir tous ses coéquipiers jusqu’ici.

— J’ai été son premier coéquipier à Flensbourg. Il

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